Lorsque je parle de ma passion pour l’écriture, on me demande souvent d’où me viennent « toutes ces idées étranges ».

Il est vrai qu’écrire de la fantasy peut paraître assez bizarre, surtout lorsque l’on sait quelle personne terre-à-terre je suis (Sicara tient son côté obstiné de moi, je pense). Mais avoir les pieds sur terre n’empêche pas d’avoir la tête dans les étoiles, pas vrai ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces idées ne viennent pas (toujours) de nulle part. Voilà pourquoi je me propose de rédiger une rubrique au sujet de la conception de L’Edit d’Alambrisa.

Cette rubrique s’adressera malheureusement surtout aux lecteurs de L’Edit d’Alambrisa, car je m’apprête à écrire une longue liste de spoilers ! Je vais devoir citer certains passages, mais je m’en tiendrai à l’ordre chronologique, ce qui signifie que la rubrique pourra être suivie au fil de la lecture du roman.

 

Et rassurez-vous, je ne serai pas toujours aussi volubile !

Image de Mélanie Delon
Image de Mélanie Delon

L'inspiration, ça ne se décide pas.

 

Certains esprits très créatifs diront même qu'on la subit. Elle peut survenir n'importe quand, n'importe où, et vous laisser complètement déboussolé. L'espace d'un instant, on est ailleurs, dans une autre dimension, ressentant d'autres émotions, l'esprit en ébullition.

Je suis certaine que tout le monde a déjà vécu quelque chose de semblable, et je serais curieuse de recueillir quelques anecdotes !

Je me charge d'ouvrir le bal avec un vaste sujet : les rêves.

 

Ils nous laissent souvent perplexes sur le moment, puis s'effacent sans nous laisser de souvenirs. Mais de temps en temps, l'un d'entre eux est si intense qu'on le garde en mémoire plusieurs années. C'est de ceux-là dont j'ai envie de vous parler, ceux qui sont à l'origine de L’Édit d'Alambrisa.

Le troisième chapitre est le premier passage du roman qui m'ait été inspiré par un rêve. Ou pour être plus exacte, il s'agit de la retranscription du rêve qui m'a inspiré le roman ! Car bien sûr L’Édit d'Alambrisa n'a pas toujours existé en ces termes. Au départ, il n'était qu'une idée d'histoire à la trame définie et aux contours flous. Pour être honnête, il n'était même pas cela. Je travaillais à la suite d'une version archaïque et depuis longtemps jetée aux orties du Peigne Noir de Nibur et il ne m'était pas venu à l'esprit d'écrire une autre histoire en parallèle.

 

Et puis j'ai fait un rêve. Un peu loufoque, comme le sont souvent les rêves, mais aussi terriblement prenant. Je me souviens encore assez nettement de la montée vers les hauteurs d'une immense cité médiévale, du désir farouche de rentrer au Conservatoire pour y apprendre la magie et d'une terrible épreuve d'entrée. Je tairai son contenu, car si à l'époque mon subconscient avait réussi à me convaincre qu'elle était extrêmement difficile et terrifiante, cette impression s'est estompée dès mon réveil !

Dans mon rêve, l'épreuve était passée avec succès et plusieurs sauts dans le temps assez flous faisaient prendre à l'aventure une tournure dramatique assez intéressante. Il était question d'une Loi, d'interdictions, d'un continent en guerre, d'une fuite à travers la forêt et de loups.

Je me suis réveillée avec l'irrésistible envie de coucher sur le papier ce que je venais de vivre.

 

J'ai écrit les premières pages à la main, très rapidement, sans trop me préoccuper des personnages qui entouraient mon héroïne. Je savais exactement où j'allais et par où je devais passer, et j'avais peur que les petits détails ne fassent s'évaporer l'aura palpitante qui émanait de mon rêve. Je voulais à tout prix retenir cette ambiance à la fois excitante et confinée (et même un peu inquiétante) sous la mine de mon crayon.

 

Il me semble que c'est arrivé aux environs du mois d'octobre, et l'histoire de Sicara est vite devenue mon "histoire d'hiver" alors que je définissais les aventures d'Aza comme mon "histoire d'été". Pendant de longues années, je n'ai pu trouver l'inspiration propre à chacune que lors de la saison qui lui était associée (on ne se moque pas^^).

 

Jusqu'au jour où j'ai fini par rallier le si précieux "point B" entrevu dans mon sommeil et par reprendre mon souffle. Je pouvais enfin me consacrer à créer un réel univers autour de Sicara, à lui donner une vraie histoire, à l'entourer de personnages plus consistants, à la doter d'un esprit d'initiative quelque peu dangereux et globalement, à soigner les milliers de détails qui font d'un résumé une vraie histoire !

 

 Mais le problème, avec l'inspiration, c'est qu'elle est sans fin...

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~ Attention, spoilers ! ~


Chapitre 1 : la fille du Traître

Ce que j'ai écouté en écrivant le début de mon "histoire d'hiver" :

Voices de Vangelis, puis The Mission, d'Ennio Morricone.

En écoutant ces musiques, j'imagine sans peine la gloire de la cité immémoriale qu'est Alambrisa et la jeune femme pleine de rêves qui la parcourt, minuscule parmi la foule qui s'amoncelle dans les rues en pente.

Ces voix pourraient être celles des Alambrisans disant "Nous sommes là depuis le commencement du monde et nous y serons toujours", ou bien le cœur de Sicara qui martèle ce matin-là plus que jamais : "Je laisserai ma trace dans l'Histoire !"

Elles m'ont inspiré l'envie de réussir qui l'anime et la fierté de ses concitoyens, mais aussi cette longue montée vers le sommet de la Cité d'Or et vers la gloire.

"Elle n’était pas née pour servir. Elle était Douée."

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Chapitre 3 : le Maître sans élèves

LE fameux chapitre tout droit tiré de mes songes. Le premier du roman, en tout cas !

 

Impossible à retranscrire à l'écrit, ou même dans un contexte moins loufoque qu'au cours de mon sommeil, il m'a donné du fil à retordre, car je n'ai pas pu conserver tous les aspects de l'épreuve. De la magie, oui, du loufoque, non.

 

L'atmosphère et la description des lieux sont cependant fidèles à mon rêve, ainsi qu'une partie des personnages.

 

"Vous avez échoué. Tous !"

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Chapitre 5 : l'anneau d'or

Cette fois, il m'a fallu inventer la cérémonie au fil de l'écriture, et pour le coup, me laisser guider par l'inspiration. J'ai découvert la scène comme une touriste immergée dans un pays inconnu aux mœurs étranges. Comme souvent lors de l'écriture de ce roman.

Encore une fois, une illustration de M. Delon.

L'expression sur le visage de cette jeune femme pourrait être celle de Sicara s'apprêtant à entamer plusieurs longues années de lutte contre son nouveau professeur. Mis à part que notre Apprentie n'est armée que de sa force de caractère.

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9 : les grandes lessives nocturnes

Comme je vous le disais, Grete est un personnage imprévisible qui m'en a fait voir de toutes les couleurs. Dans la majeure partie des passages où elle intervient, elle a créé un événement non prémédité auquel Sicara et moi (par la même occasion) avons dû nous adapter rapidement. Le début du chapitre 9 en est un bel exemple.

 

Voici une retranscription assez fidèle de ce qui s'est passé dans ma tête alors que je l'écrivais :

"— Il paraît que ton Maître va se voir confier trois nouveaux élèves !

Grete venait de pénétrer dans la chambre de Sicara en ouvrant la porte à la vo..."

Attendez une minute ! D’où sort cette information ?

Échappant totalement au contrôle de mon crayon, Grete continue sans s'émouvoir :

"... il s’agit d’une descendante du Conseiller Pierre Ordeaux, du prince de Ladore et du rejeton de mon Maître révéré !"

Non, vraiment ?

Tu es sérieuse, là ? Qu'est-ce que je vais faire de tout ce monde ? En plus, Ladore, pour moi, c'était juste le pays où le prédécesseur de Ienisei avait dégoté un vieux fauteuil pour mettre dans son entrée !

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Chapitre 12 : écarts de conduite

Depuis que j'ai relu la scène de la bagarre générale au mess en écoutant Don't Worry Be Happy de Bobby McFerrin, je ne peux m'empêcher d'associer la chanson à ce passage.

Essayez, vous verrez...

image par Zornisse
image par Zornisse

— Ienisei t’envoie chercher de la viande ? s’étonna Sicara.

— Pour mettre sur son œil au beurre noir demain matin… ironisa le prince de Ladore en disparaissant dans la boutique."

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Chapitre 17 : terre natale

Voilà une oeuvre de Mélanie Delon qui illustre bien la fuite de Güdrün, même si Alambrisa n'est pas au bord de la mer.


Chapitre 29 : Tueur de Doués

Cette fois, pas d'intervention chimérique. Je voulais juste partager la musique (toujours de Karl Jenkins) que j'ai écoutée en écrivant cette scène et que j'écoute toujours lorsque je fais mes corrections.

"Sans prévenir, le Don de Sicara explosa dans sa poitrine, presque impossible à réprimer."

 


Chapitre 31 : en cage

Cette courte scène issue de la promenade matinale dans le parc d'Orb Peyra a totalement été inspirée de la musique Lohtu, de Tuomas Holopainen (Nightwish). Les sentiments mêlés ressentis par Sicara lorsqu'elle s'enfuit en courant sont bien soulignés par l'intensité croissante et la mélancolie de ce morceau. Il s'agit d'ailleurs plus d'une fuite "morale" que physique, puisqu'elle n'a nulle part où aller.


Chapitre 6 : flammes

La rencontre de Sicara avec Grete et Dün n'était pas prévue dans mon schéma initial, mais dès le brouillon, ils ont pourtant surgi sans prévenir alors qu'elle s'apprêtait tranquillement à assister à sa première leçon. Et croyez-moi, j'étais tout aussi surprise qu'elle !

 

Il a donc fallu conjuguer avec ces nouveaux venus espiègles et hauts en couleurs qui après cette intrusion fracassante dans le roman n'ont plus cessé d'y mettre leur grain de sel sans juger utile de me prévenir auparavant (nous verrons ça par la suite).

 

Si bien que j'ai parfois eu l'impression d'être obligée de courir après mes personnages pour les rattraper !

"— Tu t’es suffisamment fait remarquer pour aujourd’hui, Dün. Et tu as des poils à l’aspect douteux autour de la bouche."

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11 : le jour le plus long

Voici un petit aperçu des robes de Solstice de Grete et Sicara grâce à ces aquarelles tout droit sorties de mes archives !

 

 

 

 

 

 

 


Chapitre 15 : harponnée

La soirée des jumeaux Den Helden, illustrée par une image tirée de la série Vampires.

 

 

 

 

 

Et une illustration de la soirée de Sicara, maintenant !

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"— Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. C’est un adage vieux comme le monde, Cari. Tu ne voudrais pas remettre en cause un adage vieux comme le monde ?"

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27 : la ville sous le rocher

L'arrivée et la description de Valendre, la montée jusqu'à la cour de la forteresse, gardée par un portail ouvragé, le but de ce voyage... Encore une scène tout droit sortie de mon sommeil. Je me suis réveillée et c'était une évidence: cela devait être dans cette histoire. Cela y était déjà.

Lors de la réécriture et par la suite, ce passage a toujours été porté par le rythme envoûtant de la musique de Karl Jenkins. Ce n'est d'ailleurs pas le seul que j'ai rédigé en écoutant ce morceau. Tout l'album colle bien avec l'ambiance de Valendre.

Si vous êtes pressés, vous pouvez écouter à partir de 50 secondes.

Si vous l'êtes moins, je vous invite à vous référer à l'article du haut de page, aux sujet des rêves et de leur implication dans le développement de cette histoire.


Chapitre 28 : père et fille

La promenade un peu particulière de Sicara en compagnie d'Elam Narki a pour source le même rêve que la majorité de la seconde partie du roman.

Au cour de cette marche presque silencieuse, l'appréhension de Sicara ne fait que croître. Il est évident pour elle que quelque chose "cloche" à Valendre, et son inquiétude se mue en peur qui se décuple au fil de ce trajet. Elle marche la boule au ventre, mais ne peut pas s'arrêter pour autant, comme engluée dans un rêve.

"— J'ai rêvé ? demanda-t-elle d'une voix étouffée.

— Cela aurait plutôt tout d'un cauchemar.

Il l'entraîna plus loin et elle réprima un frisson."


Chapitre 30 : le chemin d'épines

Nous voici de retour dans mes songes, d'où est issue la scène de l'enlèvement de Grete ainsi que les mises en garde d'Elam quant au "sortilège" qui permettrait au Tueur de Doués de repérer les ennemis blottis sous son toit.

C'est à partir de cet événement que Sicara développe une sainte terreur des pouvoirs de l'Empereur.

"Un chemin sinueux s'était ouvert parmi les ronces qui bordaient la prairie. La trouée diffusait une lueur blafarde et surnaturelle baignant la scène d'un éclat malsain."


32 : victoires et défaites

Dans ce chapitre marquant la fin d'une phase de l'histoire réapparaît un objet qui a déjà suscité la curiosité de Sicara. Si la scène en question n'a pas de source d'inspiration particulière, le collier n'en est pas moins une idée glissée dans l’entrelacs de mes rêves.

"Son Don ne lui était d'aucune utilité. Le feu qui lui déchirait la poitrine l'empêchait d'en discerner les contours, et le monde vacillait autour d'elle à une vitesse époustouflante."